Infections oculaires


Article paru dans le Tyndall n° 34 de septembre 2011.

Les infections oculaires les plus fréquentes sont des conjonctivites sans gravité. En revanche, les infections touchant le globe oculaire, la cornée, la sclère, les uvéites ou les endophtalmies peuvent mettre en jeu le pronostic visuel.

L’œil est très bien protégé contre les infections. Les paupières, les larmes et la conjonctive constituent des barrières efficaces.

Les paupières ont la double fonction de protéger physiquement l’œil et de secréter les larmes. À la moindre agression, le réflexe de clignement des paupières participe à la protection de l’œil ; il répartit à sa surface un film lacrymal riche en composants antiseptiques et en cellules immunitaires et élimine les débris et les micro-organismes présents.

Les bactéries normalement présentes à la surface de l’œil contribuent à l’élimination des éventuels pathogènes. Cette flore, voisine de celle de la peau, est constituée principalement de staphylocoques, de streptocoques, de Propionibacterium et de Corynebacterium.

À noter que le port de lentilles de contact favorise la présence d’entérobactéries (hôtes du tube digestif) dans la flore oculaire.

Les uvéites

Voir l’article dédié : Uvéites infectieuses.

Les conjonctivites

Elles se manifestent par un œil rouge avec une sensation de brûlure ou d’irritation sans répercussion sur l’acuité visuelle.

Les conjonctivites virales sont les plus fréquentes sous nos latitudes. Elles ne présentent pas de sécrétion purulente et provoquent souvent une sensation de grains de sable dans l’œil. Elles sont généralement dues aux adénovirus et aux virus de l’herpès. Peu intenses, ces conjonctivites peuvent passer inaperçues.

Les conjonctivites bactériennes sont caractérisées par des sécrétions purulentes. Les bactéries impliquées sont généralement celles de la peau ou liées à une infection rhino-pharyngée.

Parmi les facteurs de risque d’une infection de la conjonctive on peut noter :

  • l’augmentation du nombre de bactéries ou des changements d’équilibre de la flore oculaire ;
  • des anomalies dans la composition des larmes et la sécheresse oculaire ;
  • le port de lentilles de contact ;
  • le diabète ;
  • un déficit immunitaire ;
  • une corticothérapie locale prolongée ;
  • la présence de boutons sur les paupières ou sur la peau (orgelet, acné) ;
  • des produits de maquillage souillés ;
  • l’extrémité souillée des flacons de collyre ;
  • une hygiène insuffisante des mains avec plus généralement une contamination main - œil.

Les kératites

Ce sont des infections de la cornée, sont d’origine bactérienne dans 95 % des cas et représentent un caractère d’urgence ophtalmologique.

Les symptômes sont un œil rouge, douloureux, larmoyant avec photophobie et parfois baisse de l’acuité visuelle.

Il s’agit le plus souvent d’infection à staphylocoques, streptocoques, Pseudomonas ou entérobactéries.

Les facteurs de risque sont liés au port de lentilles de contact, première cause de kératite, à un traumatisme de la cornée, une suite chirurgicale, un œil sec, une conjonctivite mal soignée, corticothérapie, diabète, alcoolisme, immunodépression.

L’évolution des kératites prises en charge en milieu hospitalier est favorable dans 98 % des cas. Les cas les plus graves concernent l’infection à Staphylococcus aureus associée à une polyarthrite rhumatoïde ou à un syndrome sec sévère et l’infection à Pseudomonas aeruginosa chez les porteurs de lentilles. À noter aussi chez ceux-ci quelques cas rares de kératite amibienne.

Les porteurs de lentilles doivent avoir conscience des facteurs de risque et respecter les mesures d’hygiène élémentaires pour la manipulation et les produits de lavage des lentilles. Ils devraient privilégier les solutions de lavage bactéricides, fongicides et amœbicides (antiamibes), en unidose et impérativement éviter de porter leurs lentilles pour nager en piscine et surtout en rivière.

Le port de lentilles n’est pas conseillé pour les personnes sous corticothérapie ou immunosuppresseurs.

Les épisclérites et les sclérites

Les inflammations de la sclère (blanc de l’œil) peuvent être dues à un traumatisme ou liées à une infection virale ou encore être la conséquence d’une infection oculaire par voie systémique, maladie de Lyme, syphilis ou tuberculose. La sclérite est très douloureuse et peut mettre en danger l’intégrité de l’œil.

Les endophtalmies

L’endophtalmie est une infection du globe oculaire. Les endophtalmies les plus fréquentes sont post-chirurgicales ou consécutives à un traumatisme. Elle peut aussi être la complication d’une kératite ou d’une sclérite mal prise en charge. Chez les sujets immunodéprimés, il peut s’agir de la dissémination d’un pathogène par voie sanguine.

L’endophtalmie est une urgence absolue. Le vitré constitue en effet un excellent milieu de culture et les antibiotiques passent mal la barrière hémato-rétinienne.

Les patients qui subissent une intervention chirurgicale intraoculaire doivent être prévenus des complications possibles et consulter en urgence en cas de symptômes anormaux.

En conclusion

Les infections oculaires les plus fréquentes telles que les conjonctivites sont heureusement les moins graves et sont très bien suivies par l’ophtalmologiste de ville. Les infections de la cornée et les infections internes, uvéites et endophtalmies peuvent constituer des urgences hospitalières dans la mesure où l’intervention du praticien doit être rapide et associée à une recherche de l’agent infectieux, avant la prescription d’un traitement anti-infectieux lorsque le cas le permet et surtout avant la prescription d’anti-inflammatoires tels que les corticoïdes.

 6 juin 2020 par  webmestre
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